Contre la froidor M'est talent repris De chanter joliement Por tres bone amor, Qui si m'a soupris Que je sais a escïent Que ja n'en iere partis Nul jor tans con soie vis, Ainz servirai loiaument, Ligement, Bone Amor a son devis. | A l'entrée de la froide saison il me reprend le désir de chanter joyeusement pour un très bon amour qui m'a séduit au point que je le sais assurément jamais je ne le quitterai de ma vie, mais je servirai loyalement en homme lige, Bon Amour selon son désir. |
Ja n'iere a nul jor Louseignols faillis Qui a femele se prent, Qui pert sa baudor, Sa joie et ses cris, Quant vivre doit liement. Se mes chanters m'est meris, N'en doi estre mains jolis, Maiz pluz envoisement Et souvent Doi chanter, ce m'est avis. | Jamais nul jour je ne serai le décevant rossignol qui, une fois accouplé à la femelle perd son allégresse, sa joie et ses cris, alors qu'il devrait vivre dans la gaieté. Si mon chant m'est récompensé, je n'en dois pas être moins joyeux, mais plus allégrement et souvent je dois chanter à mon avis. |
Dame de valor Qui mantiens bon pris Tient fin ami en jouvent; S'en bee a honor Cuers qui est assis En tel lieu veraiement, Se guerredons en est pris. Cil n'est mie fins amis Qui n'en a amendement, Quant il prent Don de si bon lieu tramis. | Une dame de qualité qui conserve sa valeur mantient son fin ami en sa jeunesse; et le coeur qui s'attache sincèrement en un tel lieu aspire à l'honneur s'il reçoit sa récompense. Celui-là n'est pas un fin ami qui ne s'améliore pas quand il reçoit le don venu d'un si bon lieu. |